PARC NATIONAL, création 2015

18.02-1.03 2015, théâtre ADC-Genève

 

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«Parc national», création d'Anne Delahaye et Nicolas Leresche, 2015Depuis le 18e s. l’opposition entre nature et culture a accompagné le développement des sciences. Cette polarisation s’est étendue à l’ensemble de notre système de pensée et notre perception du monde s’est construite sur une bi-catégorisation: le rationnel vs la folie/ le civilisé vs le sauvage/ l’homme vs la femme, etc.

Mais l’héritage de cette vision schématique et dualiste du monde est remis en question par un certain nombre de chercheurs en sciences sociales. Phillippe Descola, (anthropologue et philosophe) dans son ouvrage « Par-delà nature et culture », paru en 2005, présente d’autres systèmes d’organisation du monde développés dans des sociétés non-modernes et qui attribuent par exemple aux objets naturels des caractéristiques de la vie sociale. Dans ces cas, il n’y aurait pas de séparation de la nature et de la culture en deux domaines de réalités incompatibles.

 

©Emmanuelle Bayart

 « …il est impossible de superposer en l’Homme une première couche de comportements que l’on appellerait ‘naturels’ et un monde culturel ou spirituel fabriqué. Tout est fabriqué et tout est naturel chez l’Homme…, en ce sens qu’il n’est pas un mot, pas une conduite qui ne doive quelque chose à l’être simplement biologique, et qui en même temps ne se dérobe à la simplicité de la vie animale, ne détourne de leur sens les conduites vitales par une sorte d’échappement et par un génie de l’équivoque qui pourraient servir à définir l’Homme» , Maurice Merleau-Ponty

 

Des parcs nationaux aux corps associés

Historiquement, cette séparation entre d’un côté les activités humaines, la vie politique, sociale et de l’autre une nature qui leur servirait de cadre a permis à la science moderne de devenir efficace. Mais cette séparation a aussi conduit a un dénigrement, voire à un oubli des composants non-humains dans les processus de faire société. La création des parcs nationaux au 18ème s. qui s’inscrit dans cette vision dichotomique du monde, relève ainsi d’un processus de sanctuarisation de la nature d’où l’activité humaine devrait être exclue (ou du moins maitrisée).

Notre propos dans ce projet vise à retourner ce postulat en réinjectant dans cet espace exclusif que représente le parc national, des humains mais aussi des non-humains, des hybrides, des objets, du son et une photographie monumentale. Ces différents éléments sont des acteurs à part entière car ils modifient le déroulement des événements et introduisent des différences dans le cours des actions. Ces éléments réunis font alors « collectif » en échangeant et enrichissant mutuellement leurs propriétés. Notre volonté est de faire en sorte que les frontières de l’humanité (incarnée par la danseuse) ne s’arrêtent plus aux portes de l’espèce humaine, mais qu’y soient inclus les corps associés considérés comme subalternes afin qu’ils redeviennent des partenaires avec lesquels il faut composer dans une chaine continue d’humains et de non-humains.

« Parler de chaine d’humains et de non-humains, c’est une manière d’éviter de parler de nature d’un côté et de société de l’autre, parce que ni d’un côté ni de l’autre on ne sait exactement de quoi elles se composent. C’est un concept pour ré-ouvrir la question de nos liens et de nos attachements. Alors que dans l’ancienne division sujet/objet on est toujours dans un rapport d’émancipation : plus on est sujet, moins on est objet et vice versa. Avec la chaine humains/non humains, on ne sait pas. Peut-être que, sans les non-humains nous ne serions pas du tout des humains. », Bruno Latour (http://ecorev.org/spip.php?article843)

 

Coproductions: Association pour la Danse Contemporaine Genève – adc, Migros Pourcent culturel – Prairie.

Soutiens: Ville de Genève, Loterie Romande, Fondation Ernst Göhner Stiftung, Fonds Mécénat SIG, Stanley Thomas Johnson Foundation, Fonds d’encouragement à l’emploi des intermittents genevois, la Collection suisse de la danse – Prix de documentation vidéo.

Cellule artistes associés : far° festival des arts vivants Nyon

Lieux de résidence: théâtre Arsenic-Lausanne, Théâtre Les Halles Sierre, Comédie de Genève (salle Cécilia), studio adc Genève, Château de Monthelon-F, studios de la Colouvrenière – Genève

 

 

 

 ©Emmanuelle Bayart





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